J’ai toujours adoré ma profession. Je l’exerce depuis plus de 30 ans et pourtant, j’ai toujours le feu sacré. Quel bonheur d’exercer une profession que l’on aime. Je m’y sens comme un poisson dans l’eau et j’aimerais l’exercer jusqu’à la fin de mes jours.
Le Dr Jean-Yves Desjardins, dont je parlerai au cours de cet article, me disait un jour parlant de notre profession comme clinicien; » On peut l’exercer longtemps, car plus on avance en âge, plus c’est un avantage ». Je l’ai compris de plus en plus au fil des ans, alors que mes connaissances et compétences s’accumulaient et que cela devenait de plus en plus un plaisir que de recevoir des gens en consultation.
Objectif; soulager la misère sexuelle
Il fût un temps où cette profession faisait sourire et suscitait toujours des commentaires ou de petites blagues, comme si cette profession n’était pas prise au sérieux. Mais elle ne semblait laisser personne indifférent, soit par gêne, soit par intérêt. Car, il n’est pas nécessaire d’être sexologue pour savoir qu’il y a énormément de misères sexuelles un peu partout dans le monde. C’est cette misère que j’ai appris à soulager dans cette profession.
Cette misère sexuelle se retrouve autant chez les hommes que chez les femmes. Elle les font souffrir, suscite l’angoisse, du découragement, du désespoir et gâche la vie de bien des couples.
Pensons aux femmes, qui par nature, ont besoin de développer leur excitation pour parvenir à l’orgasme. C’est parfois un long apprentissage pour certaines. Et combien souffrent d’un manque de désir sexuel ou amoureux, sans parler du vaginisme qui touche environ une femme sur cent. Et que dire de toutes celles qui ont subi des abus et le viol, laissant des séquelles dont elles se remettraient parfois difficilement sans aide.
Combien d’hommes aussi souffrent d’anxiété de performance, ce qui menace leur érection. Il faut savoir que l’érection chez un homme, c’est presque son d’identité. Il ne se sent plus un homme lorsqu’il n’y arrive pas. Ceux aussi qui ont subi des abus ou qui souffrent de compulsivité sexuelle, de diverses paraphylies. de dépendance à la pornographie, surtout avec la facilité d’accès de ce type de stimulation sexuelle sur internet.
Connaitre les base d’une bonne santé sexuelle
Ce sont surtout ces dysfonctionnements sexuels qui ont été au cœur de ma pratique. Les sexologues traitent donc un grand nombre de problématiques sexuelles, individuellement ou en couple selon le cas. C’est pourquoi il faut y être préparé et connaitre les bases d’une bonne santé sexuelle pour déceler les forces et les limites de chaque personne qui consulte, afin de l’aider adéquatement à atteindre ses objectif et à accéder à une bonne santé sexuelle, par une formation spécifique.
La formation
Quel engouement j’ai eu dès le début de mes études en sexologie! J’admirais mes nombreux professeurs qui formaient une équipe fabuleuse en « savoir » et de « compétences spécifiques » si diversifiées.
C’est de leur expérience que se sont développées les différentes « approches d’interventions » avec lesquelles nous travaillons maintenant. Ces approche sont; sexoanalytique, cognitivo-comportementales, sexocorporelle, systémique, etc,.
Pour ma part, je me suis surtout spécialisée en approches sexocorporelle et en sexoanalyse. Mais j’ai développé une expertise dans le traitement de l’éjaculation précoce via l’approche sexocorporelle, tellement j’avais de demandes et de succès pour solutionner ce problème.
Un peu d’histoire
C’est au Québec qu’est né le premier Département de Sexologie au monde, plus précisément à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
Cependant, il a fallut bien des batailles pour maintenir en vie, ce qui fut d’abord un « module » de sexologie, chapeauté par le Département de psychologie, avant de devenir un Département autonome de sexologie. J’ai su par le Dr Jean-Yves Desjardins, co-fondateur de ce module avec le Dr Claude Crépault, que même le recteur de cette toute nouvelle Université craignait d’être ridiculisé en acceptant un module consacré à l’étude de la sexologie.
Il faut dire que ces deux co-fondateurs, qui ne se connaissaient pas alors, terminaient un doctorat à l’Université de Montréal en criminologie ayant comme sujet de thèse, un thème sexologique. C’est le Dr Zsabo, lui-même fondateur du Département de criminologie à l’UdM, qui les encouragea à fonder un département de sexologie à l’UQAM, Université populaire qui venait d’ouvrir ses portes.
C’est grâce à une douzaine de professionnels compétents provenant de professions diverses; psychologie, théologie, criminologie, médecine, psychanalyse, psychiatrie, anthropologie, sociologie, professionnel de l’éducation, etc, qui ont apporté et conjugué leur savoir-faire, qu’a pris forme un Programme de premier cycle qui a attiré dès le début des centaines d’étudiants, dont plusieurs adultes. C’est ainsi que j’ai pu bénéficier de cette ouverture et devenir sexologue. Ce premier cycle fut suivi d’un deuxième, puis récemment d’un troisième, soit le doctorat.
Très tôt est née l’Association des sexologues du Québec. Mais ce n’est qu’en 2013, plus de 40 ans après sa fondation, qu’est enfin né l’Ordre Professionnel des Sexologues du Québec (OPSQ).
Depuis, toutefois, pour pratiquer la sexologie-clinique, il faut non seulement un diplôme de 2e cycle, mais également détenir un permis de psychothérapie » décerné par l’Ordre des Psychologues du Québec.
C’est donc par la volonté et la persistance de nos pionniers, ainsi qu’avec la collaboration d’éminents professeurs et chercheurs, que l’Université du Québec à Montréal compte le premier et le seul Département de Sexologie au monde. Plusieurs formateurs, dont je suis, ont enseigné et enseigne encore leur savoir jusqu’en Europe et même en Afrique du Nord.
Nicole Audette, M.A. sexologue, psychothérapeute, [email protected]